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Le blog de Yv
9 novembre 2004

IMMIGRATION (1ère partie)

 

Cartes : Le Monde

Premier vrai coup de gueule dans le blog.

Jeudi soir, après la réunion de prière à l'église, je retournais chez moi. J'entrais au salon. Ma mère regardait Envoyé Spécial. Et là, j'ai vu un documentaire d'une force inédite. Dans un premier temps, il m'a (relativement) troublé. Dans un second temps, il m'a donné envie de gueuler. Dans un troisième temps, il m'a donné envie d'écrire ce message. Ce documentaire (de Grégoire Deniau et Olivier Jobard) avait pour objet le parcours d'une trentaine de clandestins africains des côtes marocaines aux côtes espagnoles. La majorité de ces clandestins étaient originaires d'Afrique de l'Ouest. D'autres étaient d'origine maghrébine. Moyennant une forte somme (1000€), ces clandestins recevaient, de passeurs marocains, une embarcation de fortune pour traverser la Méditerranée. Je dis volontairement une embarcation de fortune. Parce qu'à peine 300 mètres de fait, la "barque" (dont certaines parties étaient mal colmatées) commençait déjà à prendre l'eau. Bilan : 2 morts ! Je n'oublierai jamais ce qu'a dit une personne après son retour sur la côte : "j'ai perdu un ami proche et mon frère".

Déjà là, on n'en peut plus. Mais les clandestins ne veulent pas en rester là. Quitte à choisir entre la misère et un monde (soit disant) meilleur, le choix est vite fait. Ils colmatent correctement l'embarcation. Puis ils repartent. Ils se font prendre à une centaine de mètres des côtes de Fuerteventura (dans les îles Canaries). Conséquence : 40 jours d'emprisonnement pour chaque clandestin. Après, s'ils répondent aux conditions d'asile, ils sont relâchés et ils sont livrés à eux-mêmes. Ce cas là, c'est celui des plus "chanceux".

Pendant une minute, pensez aux clandestins dont le bateau n'arrive pas à "bon port". Cette embarcation qui coule en plein milieu du trajet ! Repensez à ceux qui ont risqué leur vie et qui sont renvoyés dans leur pays d'origine. Moi, je vous le dis tout net : ça me tue, ça me déchire, ça me rend honteux d'être témoin d'autant d'inhumanité. Je crois qu'on ne se rend jamais vraiment compte des souffrances de ces hommes (même si l'immigration est un sujet qui me tient plutôt "à coeur").

Voilà, c'était cela que je voulais souligner dans cette première partie : les douleurs par lesquelles passent les clandestins pour arriver en Europe et l'action politique à courte vue des différents pays de l'Union Européenne qui préfèrent privilégier la "fermeture des frontières" (le moins d'immigration possible), alors que paradoxalement, on aura besoin dans qq années de nouveaux étrangers pour éviter une chute du taux de natalité. En comparaison aux Etats-Unis, une chose qu'on ne peut pas reprocher à ce pays, comme le souligne très bien le directeur du Monde Jean-Marie Colombani (dans le quotidien daté du 5 novembre 2004, p. 23) : "Depuis les années Reagan, l'Amérique se nourrit d'un flux ininterrompu d'immigrés, dont près de 600 000 sont naturalisés chaque année. Quand l'Europe, qui vieillit, ne songe qu'à fermer ses frontières, incapable de se doter d'une politique commune d'immigration."

La deuxième partie sera pour jeudi, à propos des centres fermés en Belgique et une (très) modeste réflexion en faveur d'une politique d'immigration à longue vue.

   

Photos de Olivier Jobard, Paris Match/Sipa Press

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